D comme ainsi Delva la vie

orval delva

[Temps de lecture : 11 min]

 Mon cul.

Donc l’autre jour je suis en train de torchiader un article dégueulasse pour la DH Net rubrique Buzz, une histoire de chien sauvé par un drone et une saucisse, lorsque mon labeur est brutalement interrompu par l’arrivée impromptue de mes cousines, Cléopâtre et Néfertiti – véridique. Ce sont les filles de Bérénice, la sœur cadette et folle à lier de Claudine. Bérénice étant beaucoup plus jeune que Claudine, mes cousines sont beaucoup plus jeunes que moi, c’est une sorte de cercle vissé. Je les entends monter les escaliers bruyamment, et voilà qu’elles débarquent sans frapper dans mes appartements en criant “Julien Julien fais le truc avec tes joues!” 

JCN: Mes chères cousines! Vous prendrez bien un petit shot de bienvenue! 

Et paf je sors de mon abajoue gauche des verres à shot et des mini-bouteilles de vodka qu’ils offrent à la caisse au Aldi. Mon numéro est un succès total, Cléo glousse comme un dindonneau et Néné applaudit comme une otarie.

C et N: Encore! Encore!
JCN: Mais vous n’avez même pas encore bu le premier! 

Et voilà que ces petites connes se marrent de plus belle. Puis Cléo l’aîné se fait un cul sec réglo; elle devient rouge pivoine mais reste en un seul morceau. Néné veut faire la fière, trempe ses lèvres puis tousse, crache, manque de s’étouffer et finit par régurgiter des petits bouts de carotte sur mon tapis persan. Et c’est reparti, esclaffades au cirque Cassenoisette. 

JCN: Qu’est-ce vous foutez là d’abord avec vos dégaines de hiéroglyphes? Pas qu’ça à fout’ moi tsé.
Cléo: Bérénice est malade alors on nous a déposées ici. Tante Claudine a dit qu’on ne pouvait pas courir dans ses pieds à la pharmacie et qu’on devait monter te voir, et aussi te dire que tu ne pouvais nous emmener nulle part et que tu devais essayer de ne rien faire d’idiot.
JCN: Mon cul. Vous voulez faire quoi?
C et N: BOWLING! 

Chiant chiant chiant.

JCN: Oh putain eh non, pas bowling hein. 

La plus petite se jette direct par terre et chiale sa race, ce qui me les brise complètement. 

JCN: Voulez pas plutôt aller à la piscine? Même que je vous attendrais à la buvette bien chauffée, devant une Triple Westmalle, en vous faisant de temps en temps un petit coucou derrière la vitre, et puis j’en prendrais une deuxième, et vous, vous seriez sur le plongeoir à vous geler les burnes, et moi je vous ferais encore des petits signes d’une patte, et de l’autre je ferais un signe au serveur pour commander un plat du jour avec des frites, et puis…

Mais elles ont pas leur maillot, et puis c’est peine perdue, elles ne veulent entendre parler de rien d’autre que de bowling. En plus elles ne veulent aller qu’au Bowling Stones, un endroit détestable à l’autre bout de la ville, plein de musique insupportable et de jeux de lumières à se chier dans le falzar. Mais j’ai pas le choix, pas question que je reste ici à jouer à des jeux débiles genre magasin ou cache-cache. Puis je me dis que y a pas plus annonciateur d’une Fin toute proche que de passer l’une des rares après-midi ensoleillées de février dans un bowling, surtout si c’est le Bowling Stones – un nom à déféquer debout dans son slip, si vous me demandez. Ce sera l’occasion de faire un petit reportage de terrain pour mon blog tiens que je me dis. J’appelle donc pour réserver. Mais c’est fermé. Bon tant pis c’était pas si bien comme sujet, puis j’avais de toute façon pas envie de me retrouver les poils de patte pleins de mes propres excréments à cause du son et lumière, en plus si t’as un peu suivi mon actu vous n’êtes pas sans savoir que j’émerge à peine d’une infernale coulante volcanique. J’annonce la nouvelle aux deux reines égyptiennes, qui l’encaissent beaucoup moins bien que moi. Néné fait une pharaonite aiguë, elle hoquette, pousse des râles, pfff vraiment chiant, tandis que sa sœur me dévisage d’un regard vide qui me passe au travers et vient me faire froid dans le dos. Chiant chiant chiant. 

’Chier, mon tapis.

JCN: Oh faites pas la gueule putain, soyez pas connasses. J’ai ce qu’il vous faut pour vous rendre votre bonne humeur.

Et paf je sors de mon abajoue droite une petite corne de brume dans laquelle je souffle comme un dératé. La grande toujours écarlate redescend vaguement parmi nous et esquisse un sourire faiblard, la petite dit qu’elle a les oreilles qui sifflent et trouve ça tordant. Mais très vite on en revient aux supplications pour le bowling.

JCN: Bon, je vais quand même voir si y en a pas un autre d’ouvert, bande de casse-couilles. Gnagna google maps… bowling…gnagnagna. Y en a un… 

Le bowling Delva, à Laeken. Et c’est comme par hasard le moins cher avec la partie à 5 € pour les budgets serrés dans le genre de votre Juju. On n’en fera qu’une quand même. Les cousines se pissent de joie dessus. Pour pas perdre trop de temps je vais chercher le sèche-cheveux, puis dès qu’elles sont plus ou moins sèches on se met en route. ’Chier, mon tapis est plein d’urine et de bouts de carotte, mais on verra plus tard, il faut emmener ces personnes instables hors d’ici au plus vite. 

Dans le 51 j’essaie de taper un peu la conversation. C’est qu’on se connaît sans se connaître mes cousines et moi, on se voit pour Noël, parfois un anniversaire, et puis quelques autres jours par an comme celui-ci, quand leur mère est internée d’urgence en centre psychiatrique.

JCN: C’est chouette hein le tram? Z’aviez déjà pris le tram?
C: Oui…
JCN: …le 51 aussi?
C: Oui.
JCN: L’avion?
C: Non.
JCN: Ah tu vois.
C: Quoi?
JCN: Rien… Vous avez quel âge déjà? 6 et 9 ans? C’est l’âge où on commence à fumer ça non? Faut pas fumer hein! Vous voulez une clope?

Mais non elles n’en veulent pas, « beeeh » qu’elles disent.

JCN: Quoi beeeh, t’as déjà goûté donc? 
C: Mais non, ça pue c’est tout!
N: Et ça fait des brûlures qui font très mal. 
JCN: Ouais le fromage aussi ça fouette et je me suis déjà salement cramé les doigts avec l’appareil à raclette, n’empêche c’est bon, faut d’abord goûter avant de dire beeeh.
C: J’aime pas le fromage qui pue.
N: Moi aussi j’aime pas.
JCN: Bon ben fumez pas alors, qu’est-ce tu veux qu’j’te dise

Ces enfants ne connaissent décidément rien à rien et ont néanmoins un avis sur tout, c’est vraiment contrariant!

JCN: Vous savez quand j’avais votre âge j’étais moins perforé de la timbale et pourtant bien moins conventionnel que vous! M’en battais grave les couilles des odeurs! Et même des lois, mais oui! Je buvais, je fumais tout le temps. Même dans les transports, des gros cônes en plus de ça! Rien à fout’.

Aucune réaction, aucune question, pas la moindre curiosité. Toute leur éducation est à faire, je commence à mesurer l’ampleur des dégâts et de la tâche.

JCN: Vous avez déjà pété des rétros de bagnole quand même ?

Fais pas chier.

Et cette conversation se poursuit sur le même mode cordial et décontracté jusque qu’on arrive au Bouling. Là, c’est la déconvenue pour certaines et la bonne surprise pour d’autres. Vu de dehors, l’endroit ressemble à s’y méprendre à une bonne vieille buvette de club de foot! Et ça j’adore. Enseigne lumineuse affichant Delva entre deux logos Maes, double porte vitrée métallique donnant sur un petit hall mal éclairé, dedans un panneau d’affichage avec des infos sur des tournois, et au sol un de ces tapis à trous en gros caoutchouc noir. Je me sens comme dans un chêne. À l’intérieur c’est encore mieux: en fait c’est pareil, l’endroit ressemble à s’y méprendre à une bonne vieille buvette de club de foot! Ici, le temps s’est arrêté. Ça me fait comme dans ce livre de Proust là, La Madeleine: je suis catapulté dans les années 90. Un parfum tenace de tabac froid me remplit les narines. Un bar en brique et des tables en bois garnies de banquettes recouvertes d’un tissu à la couleur indéfinissable surplombent les quelques pistes de bowling. Y a trois habitués qui boivent une bière à une des tables, et un autre qui joue tout seul une partie. Le bruit des boules et des quilles. La rumeur d’une radio. Des coupes et des photos dans une vitrine. C’est tout. Si t’oublies deux secondes les pistes de bowling et que tu rajoutes une odeur de Reflex Spray, tu croirais sans difficulté que tu te trouves dans une buvette de

C: C’est miteux!
JCN: Fais pas chier. C’est trop bien. Allez on va chercher les chaussures.

 

L’entrée Bowling Delva et son style architectural typique buvette de club de foot.

Le genre de truc qui me fait chier des barres.

Là où c’est qu’on doit demander les chaussures, un petit mec qui fait aussi barman nous demande nos pointures.

JCN: Mes pattes rentrent dans rien mon pote, je vais jouer en chaussettes.
Employé: Très bien Monsieur, pas de problème. Donnez-moi vos noms, et vous pouvez prendre la piste 2. J’arrive dans un instant pour la commande.

Alors on y va. 

JCN: Eh ben les filles, tout se passe comme j’aime bien ici. Du Monsieur par-ci des commandes par-là. Et surtout pas de show laser juste bon à vous repeindre l’intérieur. 

Les gamines commencent à fermer leur gueule et vont choisir leur boule. Pour ma part je sens la fringale arriver mais ne trouve que la carte des boissons. En plus le petit employé polyvalent est en train d’accueillir d’autres clients et il tarde à venir prendre la commande. Un des trois habitués quitte alors sa table et se dirige vers moi. Un monsieur grisonnant un peu maigrichon qui doit avoir la soixantaine bien sonnée, qui se presse pas sans être pour autant nonchalant. En gros un mélange de décontraction et d’assurance teinté de fatalisme. Je dirais. Il arrive à notre piste et me salue gentiment. Je décide de laisser libre cours à mon intuition journalistique:

JCN: Bonjour cher Monsieur. Laissez-moi deviner, vous êtes le patron de ce lieu enchanteur?
Patron: C’est exact, le seul et l’unique, 40 ans que ça dure. Je vais vous mettre les boudins pour les petites non?

Je comprends rien, ça doit être un code. 

JCN: Oh, oui, oui oui.

Clin d’œil complice. 

Patron: Faut juste qu’elles sortent des rigoles.

Putain elles me foutent la honte avec leur comportement inadéquat, ça c’est le genre de truc qui me fait chier des barres. Je leur aboie de s’asseoir et d’attendre. Si ça se trouve on aura pas de boudins avec leurs conneries. D’ailleurs le patron revient avec des drôles de trucs comme de longues chenilles qu’il déroule dans les rigoles, mais pas de boudins. Malgré la déception je suis hyper excité et j’en oublie même de commander à boire. Je n’ai plus qu’une chose en tête:

Ça vous vous ferait pas trop chier de répondre à quelques questions?

Et paf je sors un peu gêné mon magnéto de mon abajoue gauche, je l’avais mis là pour faire rigoler les deux clinches. On démarre avec un petit contrôle d’identité:

Patron: Je m’appelle Salvatore, je suis italien, mécanicien automobile de formation. Il y a 40 ans, j’ai dit comme ça à ma femme: le bowling, c’est le futur. Elle m’a dit ok, je te suis. Alors elle a acheté le terrain et on a fait construire le bowling, avec des tables de billard en bas. 
JCN: Tables de billards en bas, vous voulez dire en bois?
Salvatore: Des tables de billard en bois, en bas. 

Putain ça commence bien! Je comprends rien. Et comment on construit un bowling avec des tables de billard, qu’elles soient en bois ou en bas, faudra m’expliquer.

JCN: Bon mais, donc vous dites le bowling c’est le futur, votre femme vous répond ok je te suis, exactement comme ça, et l’affaire est dans le sac?
S: Exactement comme ça.

Ça m’en bouche un coin. Je pense au nombre de fois où j’ai dit à quelqu’un que quelque chose était le futur et qu’il s’est passé que dalle. 

S: Ici rien n’a changé Monsieur.
JCN: On a de la peine à vous croire. 
S: C’est moi qui répare les machines. Ce sont toujours les mêmes, des Brunswick, du solide.
JCN: Des Brunswick…italien?
S: Non non, américaines les machines hein. Y a deux marques: Brunswick et AMF. Et maintenant les Chinois en font aussi mais évidemment ça ne vaut rien. Faut jamais acheter chinois, ni italien d’ailleurs.

Allez, juste le jour où je porte ce t-shirt beaucoup trop étroit qu’on m’a livré par erreur mais que j’ai jamais renvoyé. J’ai l’air de quoi maintenant hein.

S: Une bonne machine, c’est tout ce qu’il faut pour un bowling. Une fois j’ai été jouer dans un bowling moderne avec musique et lasers, et ben je vais vous dire
JCN: Laissez-moi deviner: ça vous a coûté une douche et un futal c’est ça?

Silence approbateur. 

S: Vous savez le bowling c’est plus ce que c’était. Mon business, c’était le futur, mais maintenant c’est le passé. Ma vie, c’est le passé.

Je regarde autour de moi et ne peux que lui donner raison. Dans quelques années cet endroit aura disparu, ou même avant ça si le Jour J passe par là. C’est un véritable musée vivant son bowling. 

JCN: Ça me rappelle un jour quand j’étais gamin, j’avais été voir une exposition sur les différentes époques ou un truc dans le genre, depuis les hommes préhistoriques jusqu’à aujourd’hui, et une scène typique avait été recréée grandeur nature pour chaque époque. Par exemple pour les hommes des cavernes c’était un tocard barbu avec des arcades énormes et une lance, et pour nous les hommes modernes c’était un mec dans un canapé en train de regarder la téloche en bouffant et en sifflant une canette, ou quelque chose comme ça. Je sais plus du tout pourquoi je parle de ça. 
S: En parlant de canette, vous buvez quoi?
JCN: Ben j’en profite pour vous retourner la question. Alors voilà, sans entrer dans les détails parce que ça me gonfle de me répéter, je suis dans le devoir de vous informer que c’est bientôt le rideau final mon cher Salvatore, cette Terre va partir en fumée et votre bowling avec. Et le moment est venu de passer votre dernière commande:

Qu’est-ce que je vous sers, mon vieux?

S: Une Orval! Les joueurs de Bowling ça boit de la bière. Une Orval pour le plaisir, et pour la soif une Maes.

Cela me fascinera toujours: je leur annonce qu’on va tous y rester, et il suffit que derrière je leur demande ce qu’ils aiment boire ou bouffer pour que la pilule passe tranquille. Terrifiant.

JCN: Bon ben mettez-moi une Orval aussi alors, pour l’arôme de ses houblons et pour la bonne cause. Car boire des trappistes revient à faire de la charité: vous saviez que pour avoir le label de bière trappiste, les moines doivent verser l’essentiel des revenus générés à des œuvres sociales? 
S: Et pour les enfants?
JCN: Pour les enfants je ne pense pas qu’ils versent quoi que ce soit à des œuvres sociales, et puis ce problème concerne surtout les curés non? Les moines je ne sais pas. 

Quelle question bizarre.

S: Mais elles boivent quoi, les deux petites?
JCN: Oh, je les avais carrément oubliées celles-là. Mettez deux Looza orange. Et pour manger, vous avez quoi?
S: Royco Minute Soup’, c’est tout. 
JCN: Ben merde, c’est pas grand chose.
S: Avant on faisait restaurant au-dessus, c’est ma femme qui cuisinait. Mais quand elle est morte j’ai arrêté, sinon j’y serais passé aussi. 

Ce mec est extrême, passer comme ça d’un resto à la Royco, sans transition.

JCN: Désolé d’apprendre cela, Salvatore. Si vous le permettez, je complète ma question alors. Vous buvez votre dernière trappiste en regardant la pluie de feu et les gens qui hurlent, et un serveur à cornes vient vous dire qu’avec ça on vous offre un plat au choix de la carte de votre femme. Qu’est-ce qui vous tente?
S: Oh je sais pas… tout était bon hein…
JCN: Y avait pas une spécialité?
S: Non… tout, quoi.
JCN: Bon ben très bien, z’aurez juste une Orval alors. C’est con quand même. 

J’en tirerai rien de plus. Franchement la prochaine fois promis, je vous sers une vraie interview de quelqu’un qui ait un minimum envie de se faire interviewer et qui soit capable de me dire ce qu’il veut grailler avant de passer l’arme à gauche. Merde je demande pas la lune non plus. Une Royco Minute Soup’, allez quoi, faut pas déconner.

JCN: Et les boudins?
S: Quoi les boudins?
JCN: Rien les boudins.

Putain dis, quel manque de volonté quand il s’y met celui-là. Tant pis alors, je me nourris à l’Orval, et je m’incruste dans la partie des filles.

JCN: Je vais vous niquer vos scores de papyrus en deux secondes, vous allez rien comprendre.

J’envoie des lancers puissants et dévastateurs et me fais toutes les quilles à chaque fois, strike sur strike sur strike, les petites sont dégoûtées.

N: C’est vraiment dégueulasse Tonton! 
JCN: La vie est dégueulasse, ma chérie. Chloé bordel, mais qu’est-ce que tu fous! Bois pas mon Orval avec ta paille putain, fais chier! Ça va goûter le jus d’orange, mais putain quoi. Bon ben tu la termines maintenant, je m’en commande une autre. 

Z’ont tous décidé de me chier dans les bottes aujourd’hui c’est pas possible! Saloperie va. Faut dire que quand j’ai l’estomac vide je suis à fleur de peau.

JCN: Bon allez, cul sec général, on met les voiles. C’est bien sympa les années 90, mais voyager donne faim. Préparez-vous à avoir une grosse dalle car je vous emmène en Syrie. 

 Merci hein, ‘chier.

Penser que je vais bientôt me rassasier me calme direct. On paie, on remercie Salvatore qui est un type en or, et puis c’est pas sa faute s’il a pas été hyper convaincant à l’interview, il avait rien demandé et j’avais la flemme de le mettre en contexte. Je retiens pour la prochaine fois qu’il faut jamais que je me lance dans quoi que ce soit si j’ai pas fait un petit gueuleton avant. 

Le restaurant se nomme Les Nuits de Cham et se trouve à deux pas du Delva en plein Laeken. On s’y sent directement bien dans ce resto, c’est snacking, décontracté, chaleureux, vivant, très animé: oriental.  La spécialité, les grillades au feu du bois et les mezzés syriens et libanais. Je salive rien que d’en causer. Leur vitrine regorge de sulfureuses spécialités levantines: kebbé, fattouche, makdous, houmous, halloumi, baba ganousch, et j’en passe des kilomètres.

C: Je comprends rien à tous ces noms, je sais pas quoi prendre.
JCN: Moi non plus qu’est-ce tu crois, je m’appelle Julien pas Bachar. Faites comme moi, choisissez d’après les noms. Un truc qui s’appelle baba ganousch par exemple, ça ne peut être qu’un délice.
N: Ça me fait penser à une pantoufle.
C: Et moi à un gros Indien qui parle très vite sans s’arrêter.
JCN: Ouais ok… putain maintenant ça me fait penser à un gros Indien logorrhéique en pantoufles. Merci hein, ‘chier.

Je commande un peu de tout au hasard, mezzés et grillades, et puis plein de frites jusque derrière les oreilles. La table disparaît sous les assiettes multicolores et parfumées, on s’en fout partout et on passe un bon moment. Tout est savoureux, et si vous passez par là je vous recommande d’essayer la salade fattouche, composée d’un tas de trucs ainsi que de petits bouts de pain croustillants, et à laquelle le sumac et le pourpier donnent un goût particulier. Vous voilà bien avancés. Ah oui et avec la salade, des kebbé. Qu’est-ce que c’est et pourquoi j’aime ça en quatre tirets:

– Ce sont des boulettes. C’est snacking, donc j’aime.
– La coquille de ces boulettes est constituée d’une pâte à base d’oignon de boulghour et de viande hachée. Une boulette qui a une coquille, j’aime. 
– La coquille est farcie avec un mélange de viande plein d’épices ennivrantes, d’oignon et de pignons de pin grillés. Les trucs farcis et moi c’est toute une histoire.
– La boulette est ensuite frite. Ben oui j’adore la friture je ne m’en cache pas.

En 20 minutes mon ventre double de volume. Mon débardeur Straight Of Chinatown tendu à l’extrême est tout souillé de baba ganousch. Les petites sont également repues et salopées, c’est plus que l’heure de rentrer mais elles veulent pas. Je les comprends: qu’est-ce qui les attend? Rien ni personne. Alors je les emmène encore à un super spot juste à côté, le Monument au Travail, au quai des Yachts. Derrière, on a une vue totalement dégagée sur le bassin Vergote et la ville. C’est une de mes vues préférées de Bruxelles. Les petites ont des étoiles dans les yeux, ou alors ce sont les lumières de la capitale qui s’y reflètent. On se regarde le spectacle pour cloturer cette belle journée en famille. Merde, la digestion me rend nostalgique. Je pense à Salvatore et son bowling, cette fenêtre sur le passé qui va bientôt se refermer. Je pense aux Syriens, à leurs bombes culinaires et à celles qui leur explosent à la gueule. Je pense à Bérénice et à ces pauvres gamines. Je pense à mon article qui m’attend, au chien au drone et à la saucisse. Et à ces mystérieux boudins. 

Votre vie nous intéresse.

Et toi bouffe-tout, qu’est-ce qui te donne envie de te retapisser le futal?

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