C comme Cerises contraceptées

clafoutis

[Temps de lecture : 9 min]

Zo-Zo-Zo-Zolpidem

Donc l’autre matin je me retrouve à 8h00 en train de servir une cliente à la Providence. Ses yeux ne mentent pas: elle se trouve en face d’un ahuri complet. Sa bouche semble former des mots mais le sens m’en reste inaccessible. Une partie de moi est à des années-lumière d’ici, au-delà de la Voie lactée, je dirais dans le grand nuage de Magellan mais c’est juste une approximation. Une soudaine angoisse s’empare de moi car j’ignore comment je suis arrivé derrière le comptoir de la pharmacie, trou noir complet depuis le moment où je me suis allongé sur mon lit hier soir après avoir ingéré plusieurs comprimés de Zolpidem, un puissant somnifère que j’ai à la bonne. Franchement c’est un chouette produit, je recommande. Ce que j’adore le plus avec le Zolpidem c’est chanter Zo-Zo-Zo-Zolpidem sur l’air de la Zoubida de Vincent Lagaf’ tout en me chiquenaudant les cachetons dans le fond du gosier. Bref, très habitué à ce genre de situation je recouvre très vite mon calme, et en grand professionnel tente de répondre à la demande de la dame. La cinquantaine, elle a les cheveux très courts sur les côtés et une masse permanentée sur le dessus de la cafetière; je me dis que si c’était un jeune mâle de 20 ans elle aurait vraiment la coupe dernier cri.

JCN: Mais vous n’avez pas vingt ans et encore moins un chibre entre les guiboles, je me trompe?Cliente: Pardon Monsieur?
JCN: Fais pas attention, je pensais à haute voix. Je reviens à l’instant d’un voyage ultrasonique, ça décoiffe et je dis pas ça pour votre tignasse. Comment puis-je vous satisfaire, sans le moindre sous-entendu? 
Cliente: Et bien je… j’ai besoin de gouttes ophtalmiques, depuis quelques semaines j’ai les yeux secs et brûlants au réveil.
JCN: Ben tiens, vous croyez être la seule, ma bonne dame? À ma connaissance tout le monde a les yeux secs et brûlants au réveil.
Cliente: Mais oui, mais non, je
JCN: Mais oui mais non mais bien sûr, Madame! Mais même le roi a ça! Même la Zoubida! Z’êtes marrante vous. Vous voulez que je vous donne un conseil?
Cliente: Je préférerais des gouttes si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
JCN: Mmm, la solution de facilité quoi. Voilà ce que vous allez faire: quand vous vous réveillez le matin je présume seule dans votre lit, frottez-vous vigoureusement les globes, ça c’est la base comme disent les jeunes à qui vous ressemblez. Puis allez vous asperger la tronche d’eau tiède pour parachever le décollage des paupières, ensuite d’eau glacée pour vous donner un petit coup de sang afin de bien entamer la journée. Ne me remerciez pas.

Je vois un peu mon taff à la pharma comme du service public. Les gens pensent qu’ils peuvent tout régler avec des gouttes ou des pommades. Mais c’est de l’arnaque. Ou bien ton mal passe tout seul, ou bien tu reviens voir Juju pour l’artillerie lourde. Je pense pouvoir dire que j’ai ouvert les yeux de ma cliente, qui ressort éblouie de sa visite à la Providence. Je reprends où ce que j’en étais resté: 

Que fous-je donc là? 

– Julien ! Qu’est-ce qu’on voulait?

Ah, ça c’est Claudine qui crie depuis les toilettes de l’arrière-boutique. Je le sais car je connais l’acoustique du magasin par cœur, avec les années. Je peux déceler sans la moindre erreur la position d’où Claudine vocifère mon doux prénom. Si elle hurle comme ça les fesses posées sur la lunette, c’est sûrement qu’une fois de plus sa cystite chronique accable ma pauvre génitrice – femme d’allure pourtant frigide, Cloclo a régulièrement la chatte en feu. Avoir localisé môman me permet d’assembler toutes les pièces du puzzle, sans pour autant que la mémoire me revienne, le Zolpidem pouvant de fait provoquer une amnésie antérograde surtout quand il est pris au coucher et qu’on est réveillé précocement par un événement extérieur (les notices de médicament c’est un peu mon livre de chevet). C’est exactement ce qui a dû se passer: au prix d’efforts colossaux, Claudine m’a extirpé de mon plumard pour la remplacer. Elle m’a quasi porté de la chambre au comptoir et s’en est retournée pisser des flammes deux portes plus loin. En fait, même sans cystite elle passe le plus clair de son temps sur le trône lorsque c’est moi qui tient le fort, et elle y va gaiement de ses petites inquisitions entre chaque client. La confiance règne. 

– C’était une dame avec des valises sous les yeux pour une grande boîte de Zolpidem, ’man.

– La foi peut bien me rendre aveugle mais pas toi avec tes bobards, menteur congénital! J’ai vu la boîte entamée sur ta table de nuit, Julien! Julien!

Tout est dans le dosage

Pfouuuh mon Juju, la journée va être longue! Pas le choix, tu vas te faire un mug de café bien fort avec une généreuse lampée de Bushmills et quelques larmes de Rivotril, un antiépileptique en gouttes de couleur bleue au parfum de pêche que j’affectionne tout particulièrement dans un Irish Coffee. En général ce cocktail a sur moi un effet stimulant, mais bien sûr tout est dans le dosage donc restons circonspects. 

À peine suis-je de retour derrière le comptoir armé de mon breuvage qu’entre un second client, un mec blanc propre sur lui d’environ 25 ans tout ce qu’il y a de plus normal, de taille moyenne, aux habits neutres, aucun signe particulier, si bien que j’aurais tout à fait pu vous épargner cette non-description absolument inutile.

– Rhaaaa cher Monsieur bonjour et sois le bienvenu dans mon humble officine, rhaaa rhaaa, Julien pour vous combler, en quoi puis-je subvenir à vos besoins? Quel mal te ronge l’échine? Rhaaa

J’entends Didine qui grogne derrière les deux portes, elle n’a jamais su apprécier mes entrées en matière chevaleresques et encore moins mes interjections comme rhaaa. Mélange de croassement de corbeau et d’allez savoir, j’aime pousser ce petit cri en rentrant la nuque dans les épaules, notamment quand je campe un personnage d’apothicaire médiéval un peu fou – mais pas que.

Client: Bonjour Julien, enchanté, moi c’est Cédric. En fait j’ai une demande un peu spéciale. 
JCN: Oh oh ooooh je l’avais vu venir celle-là! Je disais justement à mes lecteurs qu’un mec blanc propre sur lui d’environ 25 ans tout ce qu’il y a de plus normal, de taille moyenne, aux habits neutres, aucun signe particulier, si bien que j’aurais tout à fait pu leur épargner cette non-description absolument inutile, venait de pousser la porte de ma caverne d’Ali Baba. Si vous voulez mon avis, exactement le genre de personnes qui fait pas de vagues et s’avère en fait être un névrosé en puissance qui se masturbe dans les boîtes aux lettres ou à tout le moins qui se ramène avec des demandes un peu spéciales. Allez-vous nous confirmer ces premières analyses, Cédric? Révélez-nous s’il te plait le motif exact de ta visite. 

Mon flair n’a pas failli: Cédric voudrait savoir si nous serions prêts à vendre dans notre modeste boutique des slips contraceptifs pour homme. Il les fabrique lui-même et aimerait donner plus de visibilité à ses articles tout en leur conférant une certaine aura médicale, d’où l’idée de les placer en pharmacie. A priori on est dans le très spécial avec potentiel névrotique mais je peux me tromper.

Qu’à cela ne tienne

Claudine: Nous ne sommes pas intéressés! Passez votre chemin!
JCN: Ne faites pas attention à cette voix éraillée, c’est la patronne qui délire. Je la soupçonne de taper dans la réserve. Pour tout vous avouer mon bon Cédric, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris de quoi on parle mais qu’à cela ne tienne, le rhum c’est pas fait en un jour. C’est pourquoi j’aimerais vous passer une première commande test, à condition que vous me garantissiez l’exclusivité ainsi qu’une marge astronomique.
Claudine: NON! Nous ne vendrons pas d’articles pernicieux et immoraux dans cet établissement! On m’a déjà forcée à proposer la pilule à la vente, alors suffit! Vos diableries, c’est non! Ouste!

Le regard de Cédric opère des va-et-vient entre mes moustaches frétillantes de contrariété malgré l’antiépileptique et la porte à travers laquelle filtre la tirade hachurée de colère de Claudine. Difficile de dire si le représentant en slips est totalement désarçonné ou simplement amusé. Pour ma part je suis passablement irrité, Claudine ne me laissant prendre aucune initiative dans mon travail tout en exigeant de moi une implication sans limite. Des slips, une diablerie? Voilà qui tombe bien pour faire passer mon message apocalyptique. Je propose à Cédric de revenir avec sa livraison vers 18h30, quand l’autre sera au salon devant son émission favorite, “On n’est pas des pigeons” sur la Une. 

Ça commence à faire beaucoup

À 18h37 il fait sa seconde entrée dans la pharmacie. La journée a été difficile, à cause de la cystite de ’man j’ai pas pu faire une seule pause, et je me suis vu dans l’obligation de carburer à l’Irish Coffee Rivotril. Ça commence à faire beaucoup et je gravite entre des moments d’agitation intense et des épisodes de défonce totale. Le tout sur fond de levée des inhibitions, ce dont je n’ai vraiment pas besoin, en aucune circonstance. J’avais complètement oublié Cédric et j’ai d’abord un mal fou à le remettre:

JCN: Des slips contraceptifs pour homme vous dites? Ça me dit rien… en plus avec votre style passe-partout de mec blanc propre sur lui d’environ 25 ans tout ce qu’il y a de plus normal, de taille moyenne, aux habits neutres, aucun signe particulier, ben franchement ça aide pas. M’enfin, si tu me dis que je t’ai dit que tu m’as dit que je t’ai dit, je te crois va. Des slips contraceptifs… pour homme? Plusieurs questions me viennent d’emblée à l’esprit. Premièrement, s’agit-il donc d’une sorte de serviette hygiénique masculine? J’ai du mal à visualiser. Deuxièmement, la contraception n’est-elle pas une affaire réservée exclusivement à ces dames? On parle bien de règles n’est-ce pas? Et troisièmement, en toute logique: Z’avez pas des slips comme ça, mais pour les femmes? 

Cédric commence par un rapide topo sur la différence fondamentale entre contraception et menstruation, topo qui si vous voulez mon avis n’est que très moyennement convaincant (discours mal structuré, manque de rigueur scientifique, arguments bateau déjà entendus mille fois, etcetera etcetera). Soit, je le prie de continuer.

C: Et puis Julien l’idée, c’est justement ça: que la contraception ne soit plus uniquement une affaire de femmes. Que l’homme puisse prendre une responsabilité active en ce qui concerne la contraception dans son couple, assumer à son tour la charge mentale que ça représente.
JCN: Donc une femme gère un truc depuis perpète, et toi ton idée c’est de dire stop, maintenant c’est nous qu’on le fait? C’est débile, ton business case ne tient pas la route mon loulou. 
C: Détrompe-toi, les mentalités évoluent! Les hommes veulent jouer un rôle plus actif à un tas de niveaux. Et il y a de plus en plus d’adeptes. De surcroît, ça permet aux femmes de ne plus se gaver d’hormones dérégulatrices.
JCN: De surcroît, de surcroît… Monsieur a été à l’école. Soit, surcroyons. Comme je vois les choses tout le monde y perd, mais j’ai toujours eu une pensée marginale, donc je vais te faire confiance, mon Cédric. Explique-moi un peu comment ça fonctionne, ton calebute magique. 

Beaucoup trop désinhibé

C: Ok, c’est très simple. Le principe, c’est d’augmenter légèrement la température des testicules grâce à la chaleur corporelle pour arrêter la production de spermatozoïdes. Le slip contraceptif, on l’appelle aussi slip chauffant ou encore remonte-couilles, je crois que c’est le nom le plus parlant. Regarde ce modèle: c’est un slip avec un trou au milieu, comme un anneau, dans lequel on fait passer sa verge et son scrotum vide, les testicules ne passant pas par l’anneau. Les testicules remontent alors dans le pubis et sont maintenus à une température de 37 degrés. Et le tour est joué!
JCN: Mais c’est dégueulasse, putain! C’est le slibard de Belzébuth, ton truc. Rien que d’y penser j’ai hyper mal aux roubignoles. 
C: Ta réaction est compréhensible, mais je peux t’assurer qu’on s’habitue plus vite à porter ce slip qu’une paire de lunettes. 
JCN: Mon chibron n’as jamais eu besoin de lunettes, donc je peux pas savoir, mais quand même j’ai du mal à le croire. Et donc tu en portes un, toi?
C: Oui.
JCN: En ce moment?
C: Oui…
JCN: Donc au moment où tu me parles, là, tes roupettes sont dans ton pubis? Et tes bourses évidées pendent lamentablement sous ta queue avachie, au travers d’un trou dans ton calcif?
C: Mais euh oui! Pour qu’il soit efficace il faut porter le slip 15 heures par jour, si possible pendant les heures d’éveil, alors oui. 
JCN: 15 heures par jour?? Mais tu déconnes vieux. C’est de la torture! De la maltraitance! Pouah j’arrive même plus à te regarder dans les yeux, j’ai direct l’image démoniaque de tes pruneaux qui me vient.
C: Tu sais quoi Julien, laisse tomber, c’est ce genre de discours qui entretient la précarité contraceptive masculine et la gêne qui entoure la question. Je crois que je vais y aller…

Merde de cul, je n’ai fait preuve d’aucun tact avec ce pauvre garçon, je suis beaucoup trop désinhibé et je ne contrôle plus du tout ce qui sort de ma bouche. Je me sens comme un abruti et essaie de rattraper la sauce. Bondissant de l’autre côté du comptoir avec l’agilité propre à mon espèce, je m’intercale entre Cédric et la porte qu’il s’apprête à ouvrir. 

JCN: Attends, atteeeeeeeeeeeeends, foutre chatte. On va pas se brouiller sur une histoire de slip troué. J’admets, je me suis comporté comme un arriéré insensible, mais tu vois justement, c’est que le sujet est sensible pour moi. Tu auras sans doute remarqué que j’ai tout d’un écureuil. Et bien oui, tout sauf mon attribut viril, alors ça a tendance à me crisper quand je le sens menacé. En plus j’en suis pas peu fier, c’est un calibre mon joufflu.

Cédric reste figé. La curiosité?

JCN: Tu me crois pas? Tu veux voir?
C: Mais non, enfin! Laisse-moi sortir!
JCN: Atteeeeeeeeends, atttteeeeeends, c’est bon je vais pas dégainer. En plus tu vois, ma mère elle est contre les moyens contraceptifs parce qu’elle est hyper croyante et qu’en plus elle a galéré hyper longtemps pour finalement accoucher d’un rongeur, alors elle voit pas pourquoi les autres y zauraient le droit d’éliminer des enfants normaux sans tous ces poils qui bouchent le siphon de la douche. Comme elle me le dit souvent, Julien tu es une erreur de la nature. Le pire c’est qu’un haricot géant lui a donné raison, mais c’est une autre histoire. Ce que je veux dire, c’est que je vais te prendre tes slips. 

Cédric accepte, il semble apeuré et pressé d’en finir. 

JCN: Et tu sais quoi vieux? Oublie l’exclusivité et la marge astronomique. Je te les prends comme ça, gratuit motherfuck. On a tous commencé quelque part, right? 

Voilà que je me remets à lancer des interjections en anglais, c’est jamais bon signe, il faut que je me dépêche.

JCN: Mais il y a un but, mon ami. Avant de conclure notre marché, tu dois répondre à une petite question.

What you gonna swallow motherfuck?

Pour créer l’ambiance adéquate j’envoie la patte sur l’interrupteur et on se retrouve dans une pénombre inquiétante. Je prends une voix d’outre-tombe et je me lance:

JCN: Le jour du Jugement dernier a sonné Cédric! Goodbye, fais tes adieux à ce monde et à tes slips, tu vas mourir asphyxié par la fumée du grand Feu infernal!! Mais avant d’être pendu par les couilles pour mieux griller, tu as droit à un dernier plaisir gastronomique.  What you gonna swallow motherfuck? Si tu réponds pas dans les dix secondes je te montre ma bite.

Vraiment, trop de Rivotril, chaque fois ça finit comme ça. Cédric a la frousse de sa vie, il laisse tomber tous ses slibutes et file la queue entre les jambes et les roustons dans le pubis. Beurk. Je suis trop fracassé pour lui courir après, et en plus je me rends compte que j’ai encore rien mangé de la journée, fait totalement exceptionnel pour moi. J’ai une terrible envie de sucré, un truc qui irait avec mon Irish Coffee, et qui aurait potentiellement pu plaire à Cédric, puisqu’il a laissé mon ultime question sans réponse. Me baise bien mon article çuilà, à détaler comme ça. I know! Je ferme la boutique et me rend tant bien que mal près de la place Sainte-Catherine, à la boulangerie Charli.

Le concept: du temps, du travail, de la simplicité, du goût, de la qualité, de l’authenticité. Tout y est diaboliquement bon, de leur croissant aux amandes à leur croix de Savoie en passant par leur tartelette pistache poires belges. Mais j’ai un petit faible pour leur mini-clafoutis aux cerises, si simplement delicious. J’en commande quinze, symbole des quinze heures de calvaire subies par les adeptes du remonte-couilles, avec un café que je customise un peu à la goutte bleue, et j’attaque. Quelle saveur! Quelle texture! Vos dents pénètrent tout d’abord dans le dessert spongieux, humide et fondant à souhait, à l’envoûtant parfum d’amande. Ça me rappelle la galette des rois mais en plus salivant, pas collant, ni feuilleté. Et sans la couronne… mais avec les joyaux, lorsqu’arrive sur votre palais la note acidulée des juteuses cerises griottes, délicatement dénoyautées. Comme les bijoux de mon ami contracepté.

Sous les regards ébahis des employés de Charli, j’arrive à finir 14 de mes 15 clafoutis, et je fais emballer le dernier pour Claudine. Qu’est-ce tu veux qu’j’vous dise, elle aime bien manger des pâtisseries devant la télé.

Votre vie nous intéresse.

Et toi morfale, tu en connais d’autres, des recettes avec de la pâte d’amandes?
#vasydonne

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6 réflexions sur “C comme Cerises contraceptées”

  1. Heee Laura on a fini de lire l’article exactement au même moment, a un jour d’intervalle. C’est complètement fou

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